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« Jusqu’à 35 ans, ça allait, j’arrivais à trouver des contrats sans problème, ou au moins de l’intérim. Mais après 40 ans, il y a eu comme une barrière, c’était comme si j’avais franchi une ligne invisible », se souvient Christelle Sausset, secrétaire de 48 ans et demandeuse d’emploi. Avec onze autres chômeurs, elle participait mi-décembre, au sein de son Pôle emploi à Orléans (Loiret), à un atelier radio, portant précisément sur le chômage des « seniors ». Les seniors, à Pôle emploi, ce sont les personnes de plus de 45 ans et qui sont « parmi les plus dures à caser », malgré des CV souvent riches de compétences et d’expériences.

Des CV, Christelle jure en avoir envoyé « un gros tas ». Sans son âge. Avec toutes ses références, elle a obtenu un grand nombre d’entretiens d’embauche. Mais, au final, « c’était toujours non. Sans qu’on me dise vraiment pourquoi », soupire-t-elle. Sauf la fois où l’on a osé lui dire qu’on préférerait comme secrétaire « quelqu’un de plus agréable à regarder ». Alors la confiance en soi, dans ces moments-là, difficile de la garder. Surtout avec l’isolement dans lequel certains disent être peu à peu tombés, d’échec en échec. « Même les proches vous demandent : “Ah, t’as toujours rien trouvé ?” Et sous-entendu, ils veulent dire : “Est-ce que t’as vraiment bien cherché ?” »

A Orléans, le 6 décembre 2016, des demandeures d'emploi "seniors" participent à un atelier de radio organisé par Pôle Emploi.

Durant l’émission coordonnée par l’association C’est comme à la radio, d’autres seniors déclinent leur CV : « Je m’appelle Driss, j’ai 20 ans, plus 30 ans d’expérience », lance l’un d’eux. Driss Khabir, 50 ans donc, ancien vendeur chez Auchan, s’étonne de se voir déjà qualifié de « senior » : « Sérieux, senior après 45 ans, c’est fou ! Moi, si j’étais employeur et que je voyais un super CV, je ne me poserais pas la question, je prendrais la personne. Je pense que je peux apporter beaucoup à une boîte, apprendre les ficelles aux jeunes. En fait, les meilleurs, ce sont les seniors. »

Pour l’atelier – le premier du genre en France –, ils ont écumé les salons de l’emploi, interviewé des chefs d’entreprise et « réactualisé leur réseau », en langage RH. « On a rencontré les gens en vrai, se réjouit Annie Douchez, 48 ans, qui travaillait en restauration scolaire. Alors qu’un CV, ça ne dit rien de ma personnalité. »

A l’en croire, même à Pôle emploi, cela a changé les choses : « Avant, on avait l’impression d’être juste un numéro. Maintenant, la directrice de l’agence me reconnaît. Je suis redevenue attirante pour mes compétences, c’est comme si j’avais à nouveau de la valeur. »

Et alors que ses débuts dans la machine Pôle emploi ont été « catastrophiques » avec des changements incessants de conseiller, elle s’est lancée dans un bilan de compétences, et a décidé de se tourner vers une carrière dans le social. Après plusieurs vies professionnelles, de femme de ménage à accompagnatrice de bus, la réorientation professionnelle est devenue « une évidence », appuie sa nouvelle conseillère, venue l’écouter pendant l’émission. « Là, je vais enfin faire quelque chose qui me correspond vraiment. »

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