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EMPLOI - "Sans croissance, point d'emploi", tel est le postulat économique censé expliquer les chiffres désastreux du chômage en France. S'il n'y a pas de boulot, c'est la faute de la croissance, que les choses soient claires ! On nous rabâche même que 2% de croissance du PIB seraient le minimum syndical pour générer de l'emploi. Si ça, ce n'est pas un argument...

Il faut donc créer de la valeur dans ce pays pour que nos entreprises recrutent. Soit.

Pourtant, au-delà de cette évidence, ne sommes-nous pas en droit de nous interroger sur la manière de créer concrètement de la richesse et surtout, sur qui peut réellement la générer ? Vous me voyez venir... Si l'un ne va pas sans l'autre, ne pouvons-nous pas raisonnablement affirmer que l'équation marche dans les deux sens : "sans emploi, point de croissance !". Il s'agit là d'une autre vérité sur laquelle on ferait bien de s'attarder également.

Allons même plus loin : les chômeurs ne seraient-ils pas, aujourd'hui, nos meilleures armes pour relancer cette fameuse croissance ?

Qui de plus motivé, de plus bosseur, mais aussi de plus docile, que celui qui a connu les affres de l'inactivité... C'est certain, rester éloigné du marché du travail vous forge un nouvel état d'esprit ; vous donne une motivation sans pareille, celle-là même que bon nombre de salariés ont perdue au fil des années passées au chaud dans leur bureau. Bien sûr, on nous rétorquera que rien ne peut remplacer l'expérience acquise sur le terrain. A cela, j'opposerai qu'il est plus facile d'acquérir des compétences métier que la hargne du travail et l'envie farouche de montrer de quoi on est capable ! Et c'est avec le couteau entre les dents que la très grande majorité des inactifs se remettront à bosser, pour peu qu'on leur en donne l'opportunité.

Les patrons l'ont d'ailleurs compris. Trop bien pour certains.

Les moins scrupuleux profitent même d'un marché du travail tendu pour avilir leurs employés. Le constat est cruel mais pourtant bien réel : la peur, mère de toute les dérives, de perdre (encore) son boulot développe chez la plupart des individus une "capacité" de soumission hors norme, et dans ce contexte, il est devenu beaucoup plus facile d'utiliser le bâton, plutôt que la carotte, pour faire avancer ses mulets.

Le management par la terreur s'installe ainsi dans de nombreuses entreprises, et ce en dépit de toutes considérations civiques, humaines et bien évidemment de productivité. Brider, fliquer, harceler, maltraiter ses salariés, ou l'art et la manière de se tirer une balle dans le pied ! Jamais aucune leçon de management n'a décrété qu'on obtenait davantage d'un individu en lui gueulant dessus, au contraire !

Le véritable fléau de notre économie, celui qui gangrène notre croissance future ne se situe donc pas là où on nous l'indique. Les chômeurs ne sont pas des profiteurs, mais représentent une véritable opportunité pour les entreprises. Pour s'en convaincre, terminons par une démonstration mathématique aussi infaillible qu'utopique...

Si l'on considère le chômeur comme un moteur plutôt qu'un boulet :

  • Les entreprises deviendraient moins frileuses à recruter des inactifs ;
  • Le chômage baisserait ;
  • Les entreprises devraient mettre en œuvre des actions pour motiver et reconnaître à leur juste valeur leurs salariés (les sociétés au management « douteux » deviendraient marginales) ;
  • Un salarié reconnu et motivé est un salarié heureux ;
  • Un salarié heureux est un salarié productif ;
  • Un salarié productif génère de la richesse pour son entreprise ;
  • Des entreprises plus prospères engendrent un gain d'activité ;
  • Une activité qui croit est synonyme d'augmentation du PIB.

CQFD !... Mais bon, puisqu'on nous dit qu'il faut d'abord de la croissance...

Nicolas Chaboteaux

Journaliste, auteur de "Travailler à tout prix"

Les chômeurs: une aubaine pour renouer avec la croissance?
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