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Japon, la retraite pas pour moi !

NOTE DE L'ONC : Il faut aller parfois loin ( Japon) pour voir clair, ici au Japon, l'article date de 2012, mais bigrement intéressant pour nous, qui sommes en phase de réflexion et d'action.

JAPON La retraite ? Pas pour moi !

Le pays vieillit, et 9 % de la population active a aujourd’hui plus de 65 ans. Certaines entreprises s’efforcent donc d’améliorer le confort de travail des salariés âgés. | YOHEI FUKUI 1 MARS 2012| :

- En forme “Quelque 65 % des personnes âgées de plus de 60 ans s’estiment en bonne santé”, selon un sondage réalisé pour le gouvernement japonais. “Le fait que la majorité des seniors se portent bien est encourageant, commente le Nihon Keizai Shimbun.

- Car le Japon va devoir compter de plus en plus sur ses sexagénaires dynamiques.” De la fumée monte du feu qui ­crépite. Chikayoshi Gonda, un employé de 87 ans, se tient devant le barbecue pour surveiller la cuisson des oyaki, une spécialité de Nagano qui se présente sous forme de galette fourrée aux légumes. Il les retourne une par une avec des pincettes. L’entreprise Ogawa no Sho, qui produit ces oyaki et d’autres spécialités locales, est basée à Ogawa, un village situé à une quarantaine de minutes de voiture de la ville de Nagano.

Depuis la création de la société en 1986, M. Gonda est responsable de la fabrication et de la vente des oyaki. Il perçoit un salaire de 80 000 yens [environ 750 euros] pour deux à trois jours de travail par semaine. “Je prends plaisir à discuter avec les clients et, quand je les vois sourire en mangeant mes oyaki, je me dis que je suis vraiment chanceux de pouvoir faire ce travail”, explique-t-il. Des vieux dynamiques et efficaces Sur les 87 employés d’Ogawa no Sho, plus d’un tiers ont plus de 60 ans, et M. Gonda est leur doyen. Les conditions de travail dans l’entreprise sont spécialement étudiées pour le confort des personnes âgées.

Sept ateliers ont été aménagés dans le village pour que les salariés puissent travailler à proximité de chez eux et, en plus d’une pause déjeuner d’une heure, les employés peuvent se reposer durant trente minutes l’après-midi. Une pièce au sol couvert de tatamis est à leur disposition pour faire la sieste.

Les produits d’Ogawa no Sho connaissent un succès grandissant à Tokyo. Pourtant, cette entreprise a décidé de ne pas automatiser des tâches comme la mise en forme des galettes afin de protéger l’emploi.

“Le coût est certes plus élevé, mais le travail des personnes âgées est essentiel pour la région”, explique le chef du département des affaires générales.

Sans compter que trouver du personnel jeune dans la région n’est pas une tâche facile.

Le Japon connaît un vieillissement rapide, ce qui en fait l’un des pays où la population active est la plus âgée.

Selon une enquête du ministère des Affaires intérieures, le pays comptait 5,85 millions de travailleurs de plus de 65 ans en 2010, soit 8,9 % de la population active, un pourcentage plus élevé qu’aux Etats-Unis et qu’en Europe.

En 2006, la loi sur la sécurité de l’emploi des personnes âgées a été amendée pour contraindre les entreprises à adopter l’une des mesures suivantes : relever ou abolir l’âge de départ à la retraite, ou instaurer un contrat de travail reconductible. Sans que l’âge d’ouverture des droits à la retraite soit légalement relevé, nous sommes entrés dans une ère où continuer à travailler jusqu’à 70 ans est tout à fait ordinaire.

Depuis 2008, l’Organisation japonaise pour l’emploi des personnes âgées et des personnes handicapées (JEED) publie un annuaire des sociétés les plus investies dans le maintien des personnes âgées au travail.

Outre Ogawa no Sho, ce document présente une société de taxis de Sendai, Eiraku Kotsu, dont la moitié des employés a plus de 65 ans.

“Nos vieux sont dynamiques et font un bon chiffre d’affaires”, observe le directeur Hiroshi Senno.

La santé, “notre seule ressource”

Teruo Kasamatsu, 75 ans, qui réalise l’une des meilleures recettes de la société, fait partie de ceux qui ont changé de profession sur le tard. Dès qu’il a été embauché comme chauffeur, il a commencé à noter minutieusement les parcours qu’il faisait. “On se fatigue moins quand on sait ce qui nous attend”, dit-il. En inscrivant la date, l’heure et le lieu exact de prise en charge de ses clients, il a pu se faire une idée de leurs habitudes, et en trois ans il a élaboré un “plan infaillible” qui garantit un gain à peu près fixe. Par ailleurs, M. Kasamatsu prend grand soin de sa santé. Pendant son travail, il boit des jus de fruits ou de légumes faits maison. Il se promène chaque jour avec son chien et gravit en courant un escalier de 88 marches. “Dans ce travail, il n’y a ni supérieurs ni subordonnés, mais on se bat contre soi-même.

On doit protéger notre corps, qui est notre seule ressource.”

La plupart des entreprises qui figurent dans l’annuaire de la JEED sont basées en province, et l’édition de 2011 ne compte que 17 sociétés de la région de Tokyo.

Les difficultés des provinces à conserver une main-d’œuvre jeune préfigurent le Japon de demain, mais, dans les zones urbaines, qui ne connaissent pas encore de graves pénuries de main-d’œuvre, les entreprises qui font appel à des personnes âgées ­restent rares.

C’est pourquoi il est particulièrement difficile pour les cols blancs urbains de joindre les deux bouts après la retraite. Mystar 60, une agence d’intérim spécialisée dans le recrutement des personnes âgées, a récemment cessé de proposer des stages de perfectionnement à ses clients.

Ces formations permettaient l’obtention rapide de diplômes. Cependant, “même lorsque vous êtes diplômé, on vous dit qu’on n’a pas besoin de ‘débutants’ ; les entreprises cherchent avant tout des gens expérimentés”, explique le président de l’agence, Ichiro Shibata. S’il leur est difficile de trouver un nouvel emploi, les salariés ont toujours la possibilité de rester dans la même entreprise, mais ce n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Depuis 2005, le groupe Kawasaki Heavy Industries a progressivement porté à 63 ans l’âge de départ à la retraite pour ses salariés d’un rang inférieur à celui de chef de service. Mais la majorité des personnes effectivement concernées sont des ouvriers et des techniciens qui travaillent dans la production.

Sociabilité et curiosité Quelles solutions s’offrent aux cols blancs ? ­Maekawa Seisakusho, un fabricant de frigos industriels qui a son siège à Fukugawa, un quartier d’artisans de Tokyo, n’impose pas à ses salariés un âge de départ à la retraite. S’ils répondent aux critères requis, ils peuvent voir leur contrat renouvelé tous les ans. Quels types de salariés parviennent à continuer à travailler ? “En fait, il y a une condition essentielle à remplir : savoir communiquer avec les autres”, explique Hiroshige ­Sakakibara, le responsable des affaires générales. L’entreprise fait passer trois entretiens à ses employés : le premier à 56 ans, puis à 58 ans et enfin à 60 ans. Chaque fois, l’accent est mis sur la capacité à communiquer.

“Les personnes âgées ont de l’expérience, et il est clair qu’elles peuvent nous être utiles. L’essentiel est que leur entourage ait envie de travailler avec elles”, ajoute M. Sakakibara. C’est ainsi que ne pas dire bonjour le matin ou utiliser un ton suffisant avec un supérieur plus jeune que soi peut influer sur le cours d’une carrière. M. Sakakibara, qui a changé d’employeur il y a deux ans, travaille lui-même sous les ordres d’un homme qui a quinze ans de moins que lui. Il fait très attention à sa manière de s’exprimer et de se comporter.

Comme les chefs d’équipe sont choisis indépendamment de leur âge, il est naturel que certaines personnes âgées aient un supérieur hiérarchique plus jeune qu’elles. A l’époque où M. Sakakibara était chef d’équipe, il avait sous ses ordres trois employés ayant dix ans de plus que lui. Ils se chargeaient spontanément des tâches qui étaient délicates pour M. Sakakibara, comme morigéner les jeunes subordonnés, et n’hésitaient pas à aborder à sa place certaines questions professionnelles épineuses.

Grâce à cette expérience, il n’a aujourd’hui aucun mal à travailler avec un supérieur plus jeune que lui.

Au contraire, il est plus compréhensif à l’égard de son chef. Selon lui, si beaucoup de salariés décident d’arrêter de travailler aux alentours de 60 ans, c’est parce que “la plupart d’entre eux, une fois arrivés à l’âge de la retraite, ne supportent pas l’idée de travailler sous les ordres de quelqu’un de plus jeune”. Il faut donc être attentif et prévenant pour pouvoir travailler jusqu’à 70 ans. Ce sont là des qualités que l’on peut développer avec un peu de bonne volonté, même si l’on est un col blanc. Pour Hiroyuki Fujimura, professeur à l’université Hosei et spécialiste de l’emploi des seniors, il y a deux conditions à remplir pour continuer à travailler jusqu’à un âge avancé : satisfaire les demandes des supérieurs comme des subordonnés et avoir conservé cette curiosité qui donne envie d’aborder les produits nouveaux. “Ce qui fait la différence parmi les baby-boomers, dont la plupart ont atteint l’âge de la retraite, c’est le niveau de compétence en informatique. Ceux qui se montrent réticents face à la nouveauté ne peuvent pas se rendre indispensables”, explique-t-il. Tous chefs de service !

A l’avenir, les employeurs vont devoir s’interroger sur les moyens de tirer parti du nombre croissant de personnes âgées parmi les cols blancs. Et Mystar 60 fait figure de précurseur dans ce domaine : les 40 employés de l’agence sont pour la plupart des seniors, et beaucoup d’entre eux ont le titre de chef de service.

“Quand ils se rendent chez les clients, ils sont mieux considérés ; de plus, leurs femmes sont contentes”, commente M. Shibata. Le salaire de base est uniforme, mais la rémunération peut varier grandement selon les résultats obtenus.

“Si on améliore les résultats de l’entreprise par notre travail, il est normal que nos efforts soient reconnus et que l’on soit augmenté”, souligne un employé.

Le système de retraite en vigueur pour les personnes âgées en activité prévoit une réduction de la pension si, ajoutée au salaire, elle dépasse un certain montant. Mais comme le maintien des personnes âgées au travail va devenir un phénomène de plus en plus naturel, il sera bientôt indispensable de revoir ce mécanisme.

C’est l’avis de Tetsuro Kawauchi, vice-directeur du département de recherche de la JEED : “Jusque-là, le système d’emploi des personnes âgées permettait d’embaucher des personnes expérimentées en leur offrant une rémunération modeste.

Mais, leur nombre étant appelé à exploser, on ne peut plus désormais se contenter de limiter le niveau de leur salaire. Il va falloir repenser toute l’organisation de l’entreprise et la grille des salaires, en limitant notamment le taux d’augmentation lié à l’ancienneté.”

Depuis 2008, l’Organisation japonaise pour l’emploi des personnes âgées et des personnes handicapées (JEED) publie un annuaire des sociétés les plus investies dans le maintien des personnes âgées au travail.
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